LE TEMPS — Carol Bove et Slater Bradley interrogent les apparences by Laurence Chauvy

LE TEMPS — Carol Bove et Slater Bradley interrogent les apparences by Laurence Chauvy

L’image du corps réside au cœur du travail de Carol Bove, Américaine née en 1971 à Genève, découverte outre-Atlantique par Pierre Huber qui présente sa première exposition personnelle. Très pâles, ses peintures sur papier semblent apparaître peu à peu, à mesure que le regard s’aiguise, sur un papier sensible et participent d’une installation qui inclut des étagères, porteuses d’ouvrages défraîchis aux titres significatifs: Magie du corps et autres Singe nu. Les images, très belles, peintes à partir de projections photographiques d’images de magazines, mettent en scène des jeunes filles aux longs cheveux souples, à la mode hippie, et aux traits exagérément doux. Un petit poème, façon clin d’œil, tapé à la machine à écrire, accentue ce sentiment d’un espace intime et confortable, animé de créatures diaphanes et belles, simplement belles, qui semblent ressusciter un âge révolu et un monde perdu. Dans les autres salles, les grandes photos et installations vidéo de Slater Bradley s’attachent aussi à l’image de la femme et à notre perception du réel. Les Castings décomposent le langage, en l’amenant à changer de «figure» selon la personne qui récite une phrase donnée, elle-même ambiguë («I’m not sad, I’m sure I will be»). Enfin, une Home Video, plan fixe qui met en scène un personnage filmant depuis un toit le déploiement d’un large spectre de fumée, sème le trouble chez le spectateur: l’événement reste hors champ, mais on devine, sans pouvoir vérifier cette intuition, qu’il s’agit de l’événement ô combien médiatisé du 11 septembre. Celui-ci trouve ici non pas une explication, mais il est perçu d’une façon différente, avec un certain recul.

Related Artists

Related Exhibitions

Enquiry